Le Langres que vantait déjà Diderot
S'il a obtenu son appellation d'origine contrôlée seulement en 1991, et pour 310 communes des arrondissements de Chaumont et de Langres, le fromage dont le célèbre philosophe haut-marnais évoquait déjà la saveur se fabriquerait depuis la nuit des temps.

Il aurait en effet été imaginé par les fermières qui pouvaient ainsi soustraire une partie du lait produit dans leurs fermes aux taxes et impôts qui les accablaient. Et si ce fromage qui est consommé dans toute l'Europe ainsi que jusqu'au Canada ou au Japon n'était à l'origine élaboré qu'en hiver, lorsque le lait se révèle le plus riche en matière grasse, le langres peut maintenant être dégusté toute l'année.
La "recette" qui permet de réaliser aujourd'hui le langres est ancestrale dans ses grands principes. Lorsqu'il s'agit de lait collecté, qui a été refroidi à 4° dans les fermes, il perd d'abord ses bactéries grâce à une thermisation de 20 secondes à 68° dès son arrivée à la fromagerie puis est ramené à 10/12° et reçoit des ferments lactiques. Les professionnels qui produisent eux-mêmes leur lait pratiquent différemment et nous le verrons dans la partie qui leur est consacrée.
Le produit obtenu mature ensuite pendant 24 h puis est réchauffé à environ 30° et additionné de présure. Il caille assez vite et les fromagers le moulent ensuite à la louche avant de le laisser s'égoutter puis de le saler : d'abord à sec puis le langres est lavé à plusieurs reprises avec un mélange d'eau salée et de ferments lactiques qui va donner au fromage la couleur rouge caractéristique de sa croûte.

La période de l'affinage a une durée qui varie en fonction de la taille du langres : elle est d'au moins 15 jours pour celui d'environ 180 g et de 3 semaines lorsqu'il s'agit de pièces de 1 kg qui sont surtout destinées à la vente à la coupe. Et, durant tout le temps que dure l'affinage, les langres ne sont jamais retournés, ce qui leur vaut de se creuser au dessus, en formant la "fontaine" si caractéristique de la spécialité. Cette dépression permet chez certains producteurs le dépôt de marc de champagne, qui est aussi employé pour frotter la croûte.